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Kazinx
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30 mai 2006

Un de mes contes préférés

Un vieux conte persan : Un matin, le calife d'une grande ville vit accourir son premier vizir dans un état de vive agitation. Il lui demanda la raison de cette apparente inquiétude et le vizir lui répondit: - Je t'en supplie, laisse-moi quitter la ville dès maintenant. - Mais pourquoi? - Ce matin, j'étais à la place du marché et soudain, dans la foule, quelqu'un me heurta l'épaule. Je me retournai et je vis... Je la vis, elle! - Qui donc? - La mort, seigneur! Elle me regardait fixement, les yeux chargés de menaces! Je l'ai reconnu immédiatement, avec son grand manteau noir et son écharpe rouge. Elle est ici pour moi, j'en suis certain. L'expression de son regard ne laissait pas la place au doute. Laisse-moi partir! Si je quitte la ville immédiatement, je peux être dès ce soir à Samarkand. - Était-ce vraiment la mort? Tu en es sûr? - Parfaitement sûr. Je l'ai vu comme je vous vois. Pitié, laisse-moi partir! Le calife, qui avait de l'affection pour son vizir, lui donna la permission de fuir la ville en direction de Samarkand. Cependant, une pensée secrète le tourmentait. Il se déguisa en paysan comme il le faisait parfois quand il voulait se mêler à la population, sortit et se dirigea vers la place du marché. Il la reconnut immédiatement. C'était bien la mort, grande et maigre, vêtue de noir et le visage dissimulé par une écharpe rouge. Elle papillonnait d'un étal à l'autre sans qu'on la remarquât, évitant la foule et effleurant en passant quelques paysans malchanceux. Le calife se dirigea vers la mort. Elle le reconnut immédiatement malgré son déguisement et s'inclina profondément. - J'ai une question à te poser, dit le calife à voix basse. - Je t'écoute. - Mon premier vizir est un homme encore jeune, en pleine santé, efficace et honnête. Pourquoi, ce matin même, l'as-tu heurté et effrayé? Pourquoi l'as tu regardé d'un air menaçant? La mort parut surprise de la question, et répondit: - Je ne voulais pas l'effrayer ni le menacer. Simplement, quand je l'ai heurté accidentellement dans la foule et que je l'ai reconnu, je n'ai pu cacher mon étonnement, qu'il a du prendre pour une menace. - Pourquoi cet étonnement? - Car je ne m'attendais pas à le voir ici. J'ai rendez-vous avez lui ce soir à Samarkand. Fariduddin Attar le_triomphe_de_la_mort Le triomphe de la mort : Pieter Bruegel l'Ancien (1562).
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